Les Cellules de voisinage

Cet Appel pour des Cellules de voisinage a été publié pour la première fois le 25 novembre 2023 dans Tribune Juive (cliquer sur l’image pour y accéder).

Pour aider les Français divisés, isolés, déroutés, à se reparler et à mieux se protéger ensemble des forces qui ébranlent la société, je propose l’organisation et l’animation de rencontres sécurisées dans vos villages, vos quartiers, vos immeubles : les Cellules de voisinage.

 

Dans le sillage des séismes sociaux que sont les attentats islamistes à répétition, mais aussi les crises des Gilets jaunes, du covid, de la guerre en Ukraine, de l’énergie, le conflit au Proche-Orient met une fois de plus notre société française durement à l’épreuve, au risque d’un grave éclatement et d’une guerre civile (qui pour certains a déjà commencé).

La montée de l’antisémitisme et des xénophobies est un signal clair parmi d’autres : à tous les niveaux de la société, de la haine, des violences et des illusions, déclenchées par des peurs et des folies collectives qui se répandent comme une trainée de poudre, ont rarement été aussi alarmantes pour notre nation.

Dans une époque marquée par des processus à l’oeuvre de divisions, d’isolements, d’aliénations, d’impuissances, d’insécurités, de propagations de mensonges et de croyances en tous genres, certains d’entre nous en perdent la raison, allant parfois jusqu’à haïr des compatriotes qu’auparavant ils chérissaient, diaboliser leurs voisins qu’ils croisent désormais dans la rue ou au supermarché sans plus échanger un mot, ou s’abandonner eux-mêmes en épousant – ou en déniant l’existence – d’idéologies qui tendent à détruire notre société ainsi que notre humanité.

Repartir du peuple

Submergés par une surinformation qui nous désoriente tous, nos politiques, nos journalistes, nos éducateurs et autres responsables au pouvoir n’ont plus l’esprit assez fort ni la main assez ferme pour pouvoir rattraper à eux seuls ce grand navire en perdition qu’est devenue la société française, laissant place à tous les dangers totalitaires.

C’est pourquoi je pense que c’est nécessairement par le peuple (demos) que nous pourrons éviter le naufrage et redonner sa bonne direction à la France. Mais un peuple qui aura pleinement recouvré sa souveraineté, sa puissance, son intelligence, son sens des réalités, sa capacité à se rencontrer et à se reparler en vérité, c’est-à-dire dans un cadre de confiance. Et la confiance est là quand les peurs sont calmées, rappelle Charles Rojzman, le fondateur de la Thérapie sociale et auteur de nombreux ouvrages dont Vers les guerres civiles, Prévenir la haine*.

Les Cellules de voisinage

La principale idée des Cellules de voisinage, c’est donc de pouvoir oeuvrer à recréer de la confiance en soi et autour de chez soi, c’est-à-dire à partir du peuple qui fait (ou devrait faire) corps au quotidien, et dont rien ni personne ne devrait empêcher les possibilités de rencontres authentiques et fécondes, celles qui nécessitent de pouvoir se regarder dans les yeux dans une unité de temps et de lieu, prendre soin de s’écouter mutuellement et de se (re)connaître dans un minimum requis de sécurité et de confidentialité, être assurés de se recroiser un jour prochain, et petit à petit restaurer ensemble ses souverainetés individuelles et collectives** dans sa sphère de vie partagée avec ses voisins : son village, son quartier, son immeuble…

Le parti-pris des Cellules de voisinage, c’est celui du chemin de traverse des préjugés, d’une vraie confiance à restaurer par un nécessaire travail collectif d’expression et de transformation des peurs et des ressentiments, entre les différents milieux sociaux et culturels en présence, mais dans les limites rassurantes de son périmètre de voisinage et de rencontres sécurisées (les Cellules) spécialement encadrées par des animateurs spécifiquement formés à l’accompagnement du processus de réparation relationnelle ; des cellules à la durée de vie déterminée, avec pour objectif certes ambitieux mais réaliste de pouvoir favoriser la multiplication des partages au quotidien et des solidarités durables de voisinage, à commencer par mieux pouvoir se protéger ensemble des phénomènes socialement et psychiquement destructeurs, comme les ruptures de liens, les appauvrissements matériels et moraux, les replis communautaires, les fanatismes politiques, religieux ou sociaux véhiculés le plus souvent via les médias et Internet (l’islamisme, le nationalisme, le wokisme, l’individualisme, le consumérisme, etc.), les addictions, etc.

Reconstruisons notre fraternité tous ensemble

Ainsi je m’adresse directement à vous, chers lecteurs de cet appel, qui cherchez peut-être à agir par vous-mêmes dans votre quotidien. Les Cellules de voisinage que je propose, c’est l’assurance d’une véritable liberté d’être vous-mêmes et de vous exprimer en sécurité, en conscience et en vérité, d’une véritable égalité par l’obligation de présence de tous et de chacun, d’une véritable fraternité née de rencontres et d’échanges libres et sincères – et parfois conflictuels quand c’est nécessaire – jusqu’alors improbables voire impossibles ; une fraternité à reconstruire et à protéger cellule après cellule, pour pouvoir ainsi oeuvrer tous ensemble à guérir petit à petit notre société et ses valeurs.

Le pari ultime, c’est qu’un jour pas une seule parcelle du pays ne puisse être recouverte de ces « cellules de liberté » auxquelles tous les Français seront en droit et en devoir de participer, faisant ainsi advenir tous ensemble un corps social beaucoup plus organique et beaucoup mieux protégé des forces médiatiques, politiques, économiques et idéologiques qui tendent aujourd’hui à détruire notre si belle nation et ses habitants.

Yves Lusson,

un Français profondément attaché à son pays et formé et supervisé à l’intervention en Thérapie sociale TST depuis plus d’une décennie

*Vers les guerres civiles, Prévenir la haine, Charles Rojzman, Ed. Lemieux, 2017.

**La Société En-souveraine, Yves Lusson, sur Fairensemble.com.

Intéressé(e-s) par l’organisation d’une Cellule de voisinage dans votre immeuble, votre quartier ou votre village : ylusson@gmail.com

Profitez-en : les toutes premières Cellules de voisinage seront animées gracieusement, avant de faire l’objet de financements participatifs – pour lesquels les-dites premières Cellules seront des gages de réussite – puis d’un financement par l’Etat et les collectivités pour leur démultiplication et la formation des animateurs partout dans le pays.

Les Cellules de voisinage en pratique

  • – Auto-constituées de 7 à 15 voisins, dans un périmètre limité de voisinage
  • – Devant obligatoirement réunir l’ensemble des voisins du-dit périmètre, sans exception
  • – Réunies pour atteindre ensemble des objectifs à définir, allant par exemple de « Mieux se connaître » à « Mieux (re)définir et préserver ensemble nos valeurs communes », en passant par « Restaurer la convivialité et la coopération dans le village, le quartier ou l’immeuble », « Mieux sécuriser la communauté des agressions extérieures »,  « Mieux être solidaires les uns des autres », etc.
  • – Ayant une durée de vie déterminée en fonction de l’objectif à atteindre, se donnant des rendez-vous réguliers : une journée par trimestre par exemple.
  • – Encadrées par des animateurs spécifiquement formés à accompagner la transformation des tensions émotionnelles et relationnelles en capacités de parole vraie, confiante, démocratique, fraternisante et source de coopérations.
  • – S’engageant à respecter des règles simples : 1/ de présence obligatoire tout au long de la durée de vie de la cellule, 2/ de liberté de participation et de parole, 3/ de confidentialité.

Une fois initiées, les Cellules de voisinage pourront se destiner à se démultiplier et à donner naissance à des groupements de cellules en lien les unes avec les autres.

Les participants aux Cellules pourront devenir eux-mêmes animateurs de Cellules à l’issue d’une formation dispensée par une future « association française des cellules de voisinage ».

 

Extrait de mon livre à paraître : Ressusciter le peuple (sur les cellules de voisinage) – Dans ma « lettre à mes arrières-petits-enfants », une lettre imaginaire en introduction du livre, datée du 29 août 2074, c’est-à-dire dans cinquante ans

« Je tiens à terminer cette lettre en vous racontant une histoire, une histoire qui va sûrement vous paraître insensée, et pourtant.
Pourriez-vous imaginer qu’en 2024, beaucoup de gens qui habitaient les uns à côté des autres ne se connaissaient même pas ? Ils avaient développé tellement de préjugés les uns vis-à-vis des autres qu’ils avaient fini par ne plus se parler. Ou bien ils n’en prenaient plus le temps. Certains cultivaient même envers leurs voisins des haines tenaces. Et bien évidemment, plus personne ou presque ne coopérait ni ne créait véritablement ensemble.
A cette époque, encore peu de gens avaient conscience en la possibilité d’oeuvrer à surmonter les obstacles émotionnels et relationnels qui les empêchaient d’avancer tous ensemble dans la joie et l’épanouissement. En 2016, une écrivain, ingénieure, spécialisée dans l’écologie, en était même si peu convaincue qu’elle écrivit dans un livre que pour pouvoir bien coopérer, il importait de se réunir par « affinités » : « Les coopérations par affinités veulent aussi dire concrètement des rejets de coopérations par manque d’affinités, alla-t-elle jusqu’à affirmer. Un collaborateur peut être refusé par un autre parce que ses intérêts ou ses valeurs ne lui correspondent pas. Cela n’est pas toujours agréable et cela peut être violent, mais cela élimine du système les relations humaines obligées et « énergivores » »1.

Des millions de gens pensaient comme elle. Moi j’étais convaincu du contraire : on pouvait toujours trouver quelque chose à faire tous ensemble qui prenne en compte les vrais besoins et les vraies motivations de tous et de chacun, encore fallait-il savoir écouter et intégrer ces besoins et ces motivations, et tout particulièrement ceux et celles qui se cachaient derrière l’expression des doutes, des craintes et des soupçons.

Aussi, en cet été 2024, je me pris à rêver d’un programme national qui s’appellerait Les Cellules de voisinage. L’idée était de permettre à tous les voisins sans exception de se rencontrer dans une multitude de cellules qui finiraient par recouvrir tout le pays.

Souvenez-vous qu’à l’époque, nos téléphones nous connectaient à l’autre tout au bout de la Terre… en même temps qu’ils nous éloignaient de celui ou celle qui habitait tout à côté de chez nous : celui ou celle que nous aurions dû rencontrer au hasard d’une rue ou d’un chemin, dont nous aurions pu croiser le regard et la vibration, sentir l’odeur, toucher la main, avec lequel ou laquelle engager une conversation ou juste partager un sourire ou un silence. « Voir le visage, c’est parler du monde. Parler, c’est rendre le monde commun », nous avait dit Emmanuel Levinas.

Vous connaissez tout ça. Mais en 2024, il nous restait si peu de ces espaces d’humanité que cela me mettait en colère. Pour moi, rien ni personne ne devait empêcher les rencontres authentiques et fécondes entre les êtres humains, surtout entre les voisins. Vous en savez quelque chose, n’est-ce pas ?

Voilà comment je rêvai qu’un jour, les voisins pourraient oeuvrer tous ensemble à retrouver leurs souverainetés dans leurs champs de vie partagés : leur hameau, leur village, leur quartier, leur immeuble… Et ainsi retisser les liens qui leur permettent de retrouver une puissance d’agir tous ensemble ici et maintenant.

Vous connaissez la suite. Quelques courageux groupes de voisins – qui devinrent des héros nationaux  ! – se portèrent volontaires pour expérimenter les toutes premières Cellules de voisinage.

En acceptant la règle de la présence obligatoire de chaque voisin aux réunions (comme jadis l’école devint obligatoire à chacun pour le bien de la communauté), ces groupes permirent peu à peu de restaurer l’égalité entre tous, à commencer par réintégrer les laissés-pour-compte dans la société.

Comme les cellules d’un futur bébé en gestation, les Cellules de voisinage se démultiplièrent et oeuvrèrent toutes ensemble à ressusciter une culture de la fraternité et de la liberté partout dans le pays, à faire renaître un peuple en bien meilleure santé.

De tout cela, vous êtes les héritiers mes chers enfants.

Tels furent les quelques rêves que je fis en ce jour d’août 2024, si modestes comparés à tout ce qui advint dans notre société par la démultiplication de toutes les créativités collectives ainsi libérées.

1 L’économie symbiotique, Isabelle Delannoy, Ed. Actes Sud, 2016