Chroniques pour faire société ensemble

Vive les Arts Collectifs !

Dessin-Xylophone-enfatnsArt et collectif. Voilà deux mots que nous utilisons tant et plus sous nos latitudes. Mais en réalité, ne sommes-nous pas souvent en manque d’art pour mieux exister individuellement, et de collectif pour mieux vivre avec les autres et mieux faire société ? Un jour, il y environ un an, je me pris à rêver d’un évènement qui proposerait, à une même date et en un même lieu, un bouquet de pratiques artistiques basées sur la création collective, et qui s’appellerait « Les Premières Rencontres des Arts Collectifs ». M’étant moi-même essayé au chant d’improvisation de groupe, au théâtre-forum ou encore à l’improvisation théâtrale, j’avais rarement ressenti autant de belles émotions que dans ces moments exceptionnels de créations synchrones et partagées, qui nous font percevoir combien la rencontre humaine est grande et féconde dès lors qu’elle sort de son quotidien corseté. Créer ensemble : quoi de plus beau, quoi de plus vivant, quoi de plus nécessaire qu’en ces temps crépusculaires de repli sur soi et de peur de l’autre et de l’incertain ? N’est-il pas urgent de promouvoir et de célébrer cette forme d’art ? Une forme collective, participative, démocratique, pour justement retrouver du pouvoir de rêver ensemble, de nous transformer ensemble, de réinventer le monde ensemble ? N’y a-t-il pas là une nouvelle finalité essentielle pour l’art ?

Art et collectif. Voilà deux mots à marier, me dis-je, ne doutant pas qu’ils l’aient déjà été à maintes reprises. Mais à ma grande surprise, en tapant « art collectif » sur Google, je ne trouvai pratiquement rien, à part quelques mots sur le 7ème art et… une vieille définition de la célèbre « Encyclopédie Universalis » datant – comme par hasard ! – des années 70 :

« Quels que soient les rapports de tout art avec la collectivité, on parle précisément d’art collectif quand les œuvres sont produites, non par des personnes individuelles, mais par des groupes. C’est sous l’angle poïétique, par l’examen des instances créatrices non individuelles, que le concept d’art collectif a pris consistance : le développement de l’ethnologie, de l’anthropologie, et la prise en compte des arts populaires, ont imposé le dépassement du dogme que toute création ne peut venir que d’un individu. Des problèmes spécifiques, qu’on retrouvera à tous les niveaux de la création collective, se posent déjà ici : comment le jeu en commun se dépasse-t-il vers la création d’une œuvre ? Comment les personnes parviennent-elles à dominer leur quant-à-soi en faveur de l’ouvrage commun ? Les équipes, troupes, ateliers, quand ces groupes ne sont pas seulement des agents d’exécution d’un programme signé par un auteur, mais se transforment en « collectif de travail », ont donné, dans la période récente, de bons exemples d’art collectif. Ainsi, le Théâtre du Soleil, le Groupe d’étude et de recherche musicales (G.E.R.M.), la coopérative picturale des Malassis, et, auparavant, les ateliers du Bauhaus. »

Ainsi, à part quelques derniers mohicans comme Ariane Mnouchkine et son singulier Théâtre du Soleil, ou quelques expérimentateurs marginaux, qui est-ce qui cherche encore à faire s’exprimer le formidable potentiel artistique des groupes humains ? L’art collectif, c’est pourtant parier sur nos capacités à tous d’explorer ensemble notre « inconscient collectif », de nous brancher sur nos ressentis partagés, de (re)créer du sens commun en co-produisant des visions et des rêves, et en les exprimant ensemble, tout en valorisant et libérant l’unicité de chacun, au travers d’oeuvres communes et originales.

Bien qu’ils n’osent dire leur nom, des arts collectifs existent pourtant déjà, dans le théâtre, la danse, le chant, la musique, les arts plastiques, le street art… Je pense par exemple à Isabelle Lasserre, talentueuse chorégraphe bordelaise, qui a créé notamment La Planetary Danse, ode improvisée à la vie et à la rencontre. Je pense à Anne-Laure Poulain, ex-chanteuse lyrique, capable d’accompagner les gens sur la voie de la découverte de leur propre voix, et de nous faire nous embarquer tous dans d’originales et originelles improvisations collectives.

Mais les Arts Collectifs à proprement parler, qui en regrouperaient, fédèreraient et valoriseraient les pratiques, et en souligneraient le sens : voilà bien une famille qui attend d’être fondée, n’est-ce pas ? Quand et où auront donc lieu les premières rencontres des Arts Collectifs ?

Yves

 

 

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